1. Contexte et justificatif :

Dans la région de l’Est comme dans d’autres localités du pays, les incidents sécuritaires perpétrés par des groupes d’individus armés non identifiés sont de plus en plus récurrents, créant ainsi des Personnes Déplacées Internes (PDI) qui fuient l’insécurité. Cette situation a eu un impact négatif sur la stabilité dans le domaine de l’éducation tant au niveau primaire que secondaire. Plusieurs écoles ont fermé leur porte, d’autres ont été délocalisées suite à la persistance de l’insécurité dans plusieurs localités du territoire de Beni depuis une longue période. Les données recueillies au Bureau de l’EPST. Oicha, montrent que 26 écoles primaires et secondaires ont été délocalisées et sont concentrées dans la commune rurale d’Oicha ou elles tentent de fonctionner les après-midis mais difficilement. D’autres par contre ont carrément fermé leurs portes. Signalons aussi une situation précaire ou certaines écoles sont occupées par les déplacés de guerre qui y érigent demeure la nuit et sont obligés de laisser la place aux écoliers la journée. Cette situation met en confusion le fonctionnement normal des cours au sein de ces établissements.

De ce fait, L’ONG ASDI-RDC. et APETAMACO. comme acteurs actifs Humanitaires en Territoire de Beni dans le domaine de la protection, Sécurité alimentaire, Wash et Education se sont mobilisées et menées une évaluation concertée et multisectorielle du 09 au 11/12/2020 en vue d’identifier les problèmes que connaissent les établissements scolaires délocalisés et qui fonctionnent difficilement dans la commune rurale d’Oicha.

• Méthodes et Techniques utilisées

Lors de cet exercice, parmi les 26 écoles primaires et secondaires présentées par le rapport de l’EPST. Oicha, l’équipe d’évaluation s’est plus focalisée sur l’éducation de base ou seulement 18 écoles primaires ont été évaluées. Les méthodes et techniques ci-après ont été choisies pour cette évaluation :

1. Documentaire

La consultation des documents de l’EPST Oicha pour identifier et localiser exactement notre cible d’évaluation.

• Le Guide Entretien

Par le biais de cette méthode, l’équipe des évaluateurs ont obtenu des informations sur les attitudes, les comportements, les représentations d’un ou de plusieurs individus dans ce secteur éducationnel.  L’entretien avec les Directeurs des écoles délocalisées a été soutenu par un questionnaire préétabli ; ce qui a permis de recueillir les informations nécessaires et utiles au problème de délocalisation.

• L’Observation Libre

Cette Technique nous a été d’une grande importance à ce sens à part les faits déclarés par les Directeurs et la visite nous a permis de recueillir d’éléments d’ajouts et nécessaires pour notre évaluation.

• Résultat de l’évaluation

Il est constaté que les activités scolaires dans 18 écoles évaluées posent problème. Ceci est due par les faites que ces écoles sous logées doivent attendre le temps libre pour ouvrir ses portes étant donné qu’elles sont incorporées dans les écoles d’accueil, la fréquence de présence des enseignants est très réduite à tel enseigne que quelques enseignants travaillent une fois par semaine. La totalité des écoles évaluées sont toutes hébergées et la quasi-totalité de ces écoles ne disposent pas de terrains pour la construction d’un abri temporaire.

• Sur le plan hygiène.

Ces établissements d’accueil ne disposent pas des installations sanitaires capable à satisfaire le besoin de ces écoliers. La plupart sont en état de délabrement très avancé au point que certains écoliers fréquentent plus de 150 mètres à la recherche de latrines dans les parcelles voisines et d’autres sont obligés de supporter jusqu’ à rentrer a la maison sans se soulager malgré ce besoin. Les écoles qui ont ouvert leurs portes dans les concessions de personnes de bonne volonté, ne disposent non seulement l’espace mais aussi n’ont pas de ressources financières pour construire ces infrastructures. Ici les conditions hygiéniques sont catastrophiques.

Une situation d’alerte à l’Ecole primaire KITUKU, KITUNGWE qui fonctionnent dans la concession d’une usine de fabrication de savon dite ‘’ SAVON SIMBA’’ Cette usine dégage les odeurs nauséabondes et même les eaux usées. Bref, l’espace est exposée à la pollution de l’air, de l’eau et du sol suite aux produits toxiques dans l’atmosphère et des déchets en plastiques ainsi que chimiques. Ici les enfants sont plus exposés en tout genre de risques.

Tableau 1.  Eau, Laves Mains, Désinfectants, Nombres lunettes des latrines

No	ECOLE	Existence/Nombre		Présence de désinfectant	Présence des latrines séparée
					Ecoliers		Personnel
		Borne F	Lave main		F	H	F	H
1	E.P.MATEMBWE	N’existe pas	–	N’existe pas	X	X	X	X
2	E.P.BALOLU	N’existe pas	–	N’existe pas	X	X	X	X
3	E.P.KASOPO	N’existe pas	4	N’existe pas	2	1	3	X
4	E.P.MANGIMU	N’existe pas	7	N’existe pas	3	2	2	X
5	E.P.TEMBU	N’existe pas	5	N’existe pas	1	2	1	X
6	E.P.KUKUTANA	N’existe pas	14	N’existe pas	2	1	2	X
7	E.P.KITUNGWE	N’existe pas	–	N’existe pas	X	X	X	X
8	E.P.MATABA	N’existe pas	4	Existe	1	X	1	X
9	E.P.KITWA AVEYA	N’existe pas	2	Existe	1	X	1	X
10	E.P.TANDIKA	N’existe pas	–	N’existe pas	X	X	X	X
11	E.P.KITUKU	N’existe pas	0	N’existe pas	X	X	X	X
12	E.P.ANGEVE	N’existe pas	0	N’existe pas	X	X	X	X
13	E.P.NEBUNDU	N’existe pas	0	N’existe pas	X	X	X	X
14	E.P.YAMBIYAYA-	N’existe pas	–	N’existe pas	X	X	X	X
15	E.P KOLIKOKO	N’existe pas	4	N’existe pas	2	X	3	X
16	E.P MULAKOKO	N’existe pas	5	N’existe pas	3	X	2	X
17	E.P CAMBOKO	N’existe pas	9	N’existe pas	2	X	2	X
18	E.P HEUBRON	N’existe pas	3	N’existe pas	2	X	1	X

• Mobiliers scolaires,

Malgré la bonne volonté de certains directeurs d’octroyer de salles de classes aux écoles délocalisées, celles-ci n’arrivent pas à contenir les écoliers qui y fréquentent vue leurs effectifs pléthores. Dans certaines écoles, les écoliers se mettent sur le sol, il y a même d’autres situations ou les deux salles de classes de diffèrent degré fonctionnent simultanément et utilisent les faces d’un tableau dont l’une le verso et l’autre le recto.  Il n’y a   pas de matériels didactiques pour un bon fonctionnement temporaire des activités pédagogiques au sein de ces établissements scolaire. Les résultats de nos enquêtes montrent que 97 % des écoles évaluées n’avaient pas pu récupérer même quelques matériels pendant le déplacement.  

Les matériels didactiques et fournitures de bureaux restent un grand besoin au sein de chaque école délocalisée et même celle d’accueil.

Les besoins d’aménagement de salles de classe d’urgence et appui en infrastructures de base est très ressenti au sein de toutes ces écoles primaires évaluées (Salles de classe, bureau, pupitres, tableaux…)

Ci-bas le tableau synoptique :

No	ECOLE	Besoins construction/Fabrication			Observation
		Salle de classe d’urgence	Pupitres	Tableaux
1	E.P.MATEMBWE	7	77	6
2	E.P.BALOLU	11	117	10
3	E.P.KASOPO	7	59	6
4	E.P.MANGIMU	7	54	6
5	E.P.TEMBU	8	106	7
6	E.P.KUKUTANA	7	46	6
7	E.P.KITUNGWE	7	34	6
8	E.P.MATABA	12	122	11
9	E.P.KITWA AVEYA	8	74	7
10	E.P.TANDIKA	9	44	8
11	E.P.KITUKU	7	63	6
12	E.P.ANGAVE	13	134	12
13	E.P.NEBUNDU	7	70	6
14	E.P.YAMBIYAYA-	11	124	10
15	E.P KOLIKOKO	7	74	6
16	E.P MULAKOKO	7	56	6
17	E.P CAMBOKO	10	134	9
18	E.P HEUBRON	7	34	6

Les données recueillies dans 18 écoles évaluées, il est constaté que 298 enfants seraient des orphelins. 172 seraient orphelins des massacres et 186 orphelins tout cours. Ces enfants sont traumatisés et manquent auprès de qui présenter leurs sorts.

Il est remarqué lors des évaluations que parmi les enfants vulnérables, certains seraient sortis volontairement aux forces et groupes armés (EAFGA). Ceux-ci n’ont pas des documents officiels autorisant leurs démobilisations et craignent en permanence sur leur sécurité. Cette situation est la conséquence de la prolifération des groupes dit ‘’ d’autodéfense’’ qui auraient enrôlé plusieurs enfants dans certains mouvements dont la détention d’armes à feux et blanche n’a pas été du reste. Ces enfants n’ont pas voulu à ce que leurs situations soient présentées aux acteurs humanitaires lors des évaluations.

Tableau 3. Vulnérabilités au sein des écoles évaluées.

N°	ECOLES	Orphelin		Statut	Obs
		Massacre	Orphelin tout court
1	E.P.MATEMBWE	4	4	D
2	E.P.BALOLU	20	18	D
3	E.P.KASOPO			D
4	E.P.MANGIMU	2	2	D
5	E.P.TEMBU	8	22	D
6	E.P.KUKUTANA	25	26	D
7	E.P.KITUNGWE	2		D
8	E.P.MATABA	8	19	D
9	E.P.KITWA AVEYA	10	20	D
11	E.P.TANDIKA			D
12	E.P.KITUKU	8		D
13	E.P.ANGEVE			D
14	E.P.NEBUNDU			D
14	E.P.YAMBIYAYA-			D
15	E.P KOLIKOKO	21	10	D
16	E.P MULAKOKO	12	18	D
17	E.P CAMBOKO	41	17	D
18	E.P HEUBRON	11	30	D

Constats :

• Cette délocalisation impacte négativement sur la qualité de l’enseignement des écoles dont les élèves ainsi que leurs enseignants sont complexés et travaillent sous stress ;
  • Les conditions de travail des enseignants restent inhumaines pour la plupart des écoles évaluées. On y trouve un grand effectif dans de salles de classes ou les écoliers (ères) suivent cours en même le sol ;
  • La plupart des écoles délocalisées ont le souci de retourner dans leurs emplacements si jamais l’insécurité prenait fin ;
  • Le WASH est presque inexistant dans ces écoles, d’où c’est un besoin qui se fait ressentir avec une grande intensité, car ces écoles délocalisées présentent un grand besoin de construction des Latrines, d’Addiction en eau Potable (Borne), des dotations des Outils pour l’hygiène au sein des écoles, des Sensibilisations et Formations sur diverses Maladies (MVE, COVD-19 et autres).
  • Les mesures barrières ne sont respectées (pas de port de cache-nez et pas de distanciation).
  • Carence des outils pour hygiène au sein de ces écoles délocalisées et même celles d’accueils ;
  • Le school Feeding demeure un besoin ressenti partout dans les écoles délocalisées, car il y a même des enseignants et écoliers qui viennent en cours sans avoir mangé/
  • Présence des plusieurs cas d’enfants vulnérables (Orphelins de massacre, les orphelins tout court, les enfants non accompagnés, les enfants séparés et les enfants associés aux forces de groupes armées).

Besoin prioritaire :

Degré de priorité	Actions prioritaires et urgentes à mener
01	Appuyer les écoles en fournitures scolaire de base incorporant les uniformes, souliers et sacs aux élèves et écoliers vulnérables (enfants orphelins de massacres, séparés, déplacés, EAFGA, vivants enfants vulnérables membres de la communauté).
02	Envisager urgemment un programme de réinsertion communautaire des EAFGA
03	Augmenter la capacité d’accueils par la construction des salles de classe d’urgence dans les écoles délocalisées et celles en mode surpeuple d’élèves à cause de l’insécurité.
04	Mettre en place un programme de cantine scolaire
05	Améliorer les conditions d’hygiène (construction/Réhabilitation des latrines et urinoirs) au sein des écoles en séparant celles des garçons et filles
06	Approvisionner en eau potable et distribuer les kits de lavage de main au sein des écoles délocalisées et celles d’accueils
07	Intégrer les séances de renforcement de capacités des enseignants et élèves sur la PCI pour barrer fermement la résurgence de la MVE et prévenir durablement le COVID-19.

Conclusion générale

La descente sur terrain à Oicha, le jeudi 10/12/2020, de la mission conjointe ASDI RDC-APETAMACO pour l’évaluation des écoles délocalisées en commune d’Oicha (Territoire de Beni) avait été un grand succès.

L’équipe conjointe ASDI-RDC & APETAMACO s’était focalisée sur l’identification, la délocalisation, la réhabilitation, le WASH, le School Feeding et à la vulnérabilité qui se trouve dans ces écoles délocalisées d Oicha.

C’est ainsi qu’avec cette évaluation, l’équipe ASDI RDC- APETAMACO, avait fini par conclure que ces écoles délocalisées à Oicha présentent une grande alerte humanitaire suite aux mauvaises conditions dans lesquelles ces écoles fonctionnent.

Partant de tout ce qui précède ; les écoles délocalisées en commune rurale d’Oicha (territoire de Beni) nécessite une attention particulière et urgente des toutes les organismes humanitaires et le gouvernement envie de renforcer la qualité de l’éducation, l’hygiène, la protection des enfants au sein de ces écoles.